Les Âmes Poétisantes - contact : lesamespoetisantes@gmail.com

 ACCUEIL
 RECHERCHE
 THÈMES
 POÈTES LOCAUX
 POÈTES XVIe
 POÈTES XVIIIe
 POÈTES XIXe
 POÈTES XXe
 CURIOSITÉS

Texte à venir...

     ISTANBUL

Ces jours derniers à Istanbul
J’ai vraiment cru perdre la boule
De mon hôtel au top tapi
Je voyais voler des tapis
Aux portes de Sainte Sophie
Tournaient des derviches soufis
Tandis qu’en haut des minarets
De vieux muezzins se marraient
Je pensais au peintre poète
Qui se méfiait tant de la lame
Brillant au drapeau de l’Islam
Terrifié je criais pouet ! pouet !
Arrête ! Arrête ! Barbare
Tout en m’enfuyant dare-dare
Signe évident de déraison
Je finis la nuit en prison


Claude Nigoul (2006)



     BLUE SYMPHONIE

Je revois la colline qui descend vers la rade
Le bleu des plumbagos ruisselant en cascade
Celui des agapanthes
Bouillonnant à mi-pente
Tout en bas de la mer
L'infini outremer
Et ta robe pervenche
Piquetée de fleurs blanches
Et l'étoile écarlate
Qui sur ton sein éclate.


Claude Nigoul (octobre 2007)



     CARNAVAL

Au bas du Rialto un nabot contrefait
Danse avec arrogance au son d’un limonaire.
Des gnomes maléfiques ricanent aux croisées
Lassés par ses mimiques ils lui jettent des sorts.
Un chat jaune fantasque qui s’est pris de boisson
Farfouille dans ses basques en quête de poissons.
Les gondoles oscillent au ponton des palais
Où des vertus vacillent sur des airs de ballet.
Aux portiques obscurs des masques incertains
S’enlacent en troussant leurs capes de satin.


Claude Nigoul (2006)



     L'INITIATION

Comme un sexe violé
Ses lèvres boursouflées d'un incarnat gluant
Blessent d'une plaie vive le visage plâtreux
Que crèvent les feux noirs d'un regard malfaisant
De sa bouche sans voix
La putain cannibale crache haineusement
Des insultes sublimes qui me glacent le ventre
Terreur tétanisante
Fascinante abjection du baiser maléfique
De la Méduse nuit aux grâces vénéneuses
Ô te fuir !
Impossible arrachée
Haletante échappée par l'angoisse entravée
Je divague hébété dans la ville chimère
Aux routes inconnues vaguement familières
Bordée de maisons vides aux orbites sans yeux
Que hantent pétrifiées des sensations d'enfance.
Au bas de la prairie derrière les balançoires
Où Jeanne morte va
Où Jeanne morte et vient
Il y a le petit bois où tombent les ballons
Obscures les futaies et grands arbres droits
Qui encagent ma course et griffent mon élan
Silence somnambule
Criblé des cris menus de noctules craintives
Dont les mains membranées éventrent les ténèbres
Sanctuaire épargné barbelé de ronciers
Là-haut si loin si près
À la clé devinée de la voûte éthérée
Lueurs évanescentes
Incandescences brèves qui se font fulgurances
Alors que s'élargit la brèche sidérale
Entre le corps et l'âme clairière inspirée
Panique de mutant
Tandis que battant l'air de mes bras emplumés
Je m'élève emporté vers la trouée lumière
Par un vent traversée d'accords ésotériques
Ouragan tonnerre du vol initiatique
Je plane
Là-bas débordant de cocons
Il y a la ruche blanche aux fenêtres soleil
Festonnées de balcons
Où se gonfle un sein lourd au mamelon vermeil.


Claude Nigoul (printemps 1990)



     POÈME 1

Dans le couloir sans fin des portes s’entre baillent
Des visages sans yeux qui sans me voir m’épient
Treize musiciens noirs dans l’au-delà tapis
Donnent le la de la funèbre passacaille
Et font glisser sans bruit des ombres impalpables
Qui miment sans espoir des coïts improbables
Quand ils font leur entrée spectres endimanchés
Un squelette scabreux de son pas déhanché
M’entraîne goulûment dans un faux pas de danse
Et frotte en ricanant ses os blancs sur ma panse
Envolée de linceuls au grand bal des vampires
Dracula et Lucy s’accouplent pour le pire
Le tourbillon funeste qui vers le Styx nous porte
A balayé des goules la macabre cohorte
Enfantines terreurs qui à nouveau m’emplissent
Seigneur ! Seigneur ! Que Ta volonté s’accomplisse !


Claude Nigoul (mai-juin 2004)



     POÈME 2

Dans le labyrinthe de verre
Qu’éclaire une lumière vaine
Les ombres des âmes en peine
Et les reflets des damnés errent
Ici règne le trompe-l’œil
Égaré par ces jeux de glace
Par ces miroirs qui se déplacent
Nul n’a jamais trouvé de seuil
Dans ce dédale délétère
Des poètes en rébellion
Sans procès sans condamnation
Se cognent aux cloisons de verre


Claude Nigoul (juillet 2014)



     POÈME 3

Devant le Palais Farnese
Il y a deux fontaines divines
Qui ressemblent à la baignoire
Où Cordai poignarda Marat
Tout près du Palais Farnese
Il y a un Palazzo sublime
Que hante la nuit un chat noir
Qui conduit le Sabbat des rats
Non loin du Palais Farnese
Sous tomates artichauts et fraises
Bruno se tord dans la fournaise
On croit voir rougeoyer le braises
Dedans le Palais Farnese
Se glisse le soir très à l’aise
La belle romaine qui baise
Avec ce diplomate obèse


Claude Nigoul (novembre 2003)



RÉVOLUTION

Sur la barricade déserte
Pendait un rouge calicot
Tout autour la pelouse verte
Saignait de mille coquelicots
Ton doigt au miroir embué
Traçait un mot étrange et tendre
Tes soupirs dérangeaient les cendres
De cet amour mal consumé
Brillaient sous ta frange écolière
Des éclairs verts dans tes yeux pers.


Claude Nigoul (22 mai 2003)