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LA COULEUR

Texte à venir...

     LES CATHÉDRALES

Notre-Dame, Burgos, Cantorbéry, Saint-Pierre :
Richesses de couleurs flamboyant aux vitraux :
Cathédrales du monde aux cimes de lumière,
Jusqu'en les fonds marins où brillent les coraux.

Des yeux déjà grandis par leur luminescence
Ils empreignent sans fin la pupille et l'iris.
À l'abord des récifs, myriade inflorescence,
Jaunes, verts, blancs, carmins, violets ou myosotis...

Ils sont dans le courant, haut lieu du Capricorne.
Ils respirent de l'onde et se gorgent de sel.
Frémissants polypiers dont la barrière s'orne ,
Ils sont d'immensité le scintillant recel.

Le plongeur en apnée assis sous les portiques,
Voit vibrer, ébloui, les voraces cristaux.
Leur ballet est pareil aux convulsions mystiques
Et aux trémulations des conteurs orientaux.

La beauté de ces lieux, qui pourra jamais dire ?
Les rivages bleutés autour des atolls blancs ;
Les limpides lagons et leurs yeux de lampyre ;
Les feux des arcs-en-ciel sous le soleil tremblants.

Alvéoles ouverts réunis en dédales,
Sacrilège serait s'ils éteignaient la mer.
Elles sont, subjuguant, ces vastes cathédrales,
Ainsi qu'au firmament les étoiles l'éther.


Georges Bodereau (Août 2014)



     SAUVAGES, DONC LIBRES

Coquelicots, bleuets, pavots et liserons,
Trèfle incarnat, iris, narcisses et galanthes :
Un jour je conterai vos couleurs éclatantes,
Vivaces arcs-en-ciel et des prés napperons.

Et vous thymus, jasmin, lavande et mousserons,
Serpolet, romarin, angéliques et menthes,
Vous exhalez sans fin vos senteurs enivrantes.
Narines en éveil, yeux mi-clos : respirons !

Près des vulpins bleutés et pampes de fléoles
Fléchissent des gramens les temples d'herbes folles,
Dans le frissonnement des rayons de l'été.

Vous dirais-je jamais, sauvages que j'envie,
Combien vous égayez, delà de la prairie,
Avec le papillon légat de liberté.


Georges Bodereau (Novembre 2013)



     JE DESSINE...

Je dessine à l'encre bleue
La lumière qui brillait dans tes yeux

Je dessine à l'encre blanche
La robe que tu portais le dimanche

Je dessine à l'encre verte
La beauté de ta peau découverte

Je dessine à l'encre grise
Ces moments où l’avenir se brise

Je dessine à l'encre rose
Le marbre dans lequel tu reposes

Je dessine à l'encre noire
Ce que me réfléchit ton miroir


Michel Bordes (2024)



     NOIR ET BLANC

Pourquoi parler de cheveux gris ?
Je les préfère en noir et blanc.
Ils sont ainsi plus élégants
Et représentent ce qu’est la vie.

En effet, le gris est bien triste
Alors que le blanc est si pur,
Associé au noir plus mature.
L’ensemble est un travail d’artiste.

Le cheveu blanc est plein d’espoir,
Il représente le temps qui passe
Et nous raconte avec classe
De beaux romans, de belles histoires.

Le cheveu noir est différent :
Il est aussi très expressif,
Mérite bien des superlatifs,
N’a pas la même notion du temps.

Leur alliance, leur association
Ne doivent jamais se moyenner.
À chacun sa voie pour former
Une bien belle composition.

Surtout ne pas les étouffer
Sous une couleur souvent étrange,
Ils ne supportent pas ce mélange,
Se sentiraient bien mal coiffés.

Ne changez rien à vos cheveux
Ils sont heureux de vivre ensemble.
Cette liberté qui vous ressemble,
Conservez-la, voilà mon vœu.


Michel Bordes (2022)



     LA LUMIÈRE EN CLAIR-OBSCUR
     En lisant Jean Hladik1 in « Einstein et Poincaré », Ellipses édit. 2004

Que la lumière soit et la lumière fut,
Ce fut le premier vers de la Bible qu'on lut,
Ce fut le premier modèle considéré.
Les savants de l'Antiquité ont observé,
Bien avant Copernic, Képler et les nôtres,
Qu'elle se propage de manière rectiligne,
Observation qui peut être due, entre autres,
Au soleil et à ses effets de lumière
Qu'il nous dispense demi-caché derrière
Des masses nuageuses imposantes.
Il joue à cache-cache de façon maligne
Et nimbe leurs bords de filets d'or et d'argent.
Sa lumière et sa chaleur restent présentes
Lorsqu'il les laisse filtrer en nous aveuglant.
Il transperce des nuées les interstices
D'admirables coulées, modèles d'artifices,
Tels d'immenses rayons de phares célestes.
Pour demains encore, de grands mystères restent.


Christian Cariou (2021)
1 ln Chapitre 3 La lumière obscurcit la clarté des idées : « Les Anciens ont observé que la lumière se propage en ligne droite. Observation qui peut être due, entre autres,à ces admirables effets de lumi ère que nous dispense le Soleil lorsque, caché à demi derrière des masses nuageuses imposantes, il nimbe leurs bords de filets d'argent et d'or et laisse filtrer à travers les interstices des nuées d'admirables coulées de lumière tels d'immenses rayons de phares célestes. »



     BLUE SYMPHONIE

Je revois la colline qui descend vers la rade
Le bleu des plumbagos ruisselant en cascade
Celui des agapanthes
Bouillonnant à mi-pente
Tout en bas de la mer
L'infini outremer
Et ta robe pervenche
Piquetée de fleurs blanches
Et l'étoile écarlate
Qui sur ton sein éclate.


Claude Nigoul (octobre 2007)



RÉVOLUTION

Sur la barricade déserte
Pendait un rouge calicot
Tout autour la pelouse verte
Saignait de mille coquelicots
Ton doigt au miroir embué
Traçait un mot étrange et tendre
Tes soupirs dérangeaient les cendres
De cet amour mal consumé
Brillaient sous ta frange écolière
Des éclairs verts dans tes yeux pers.


Claude Nigoul (22 mai 2003)



     VOYELLES

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d’ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides
Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
— O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !


Arthur Rimbaud (1871)
Poésies



     POÈME À MON FRÈRE BLANC

Cher frère blanc,

Quand je suis né, j’étais noir.
Quand j’ai grandi, j’étais noir.
Quand je suis au soleil, je suis noir.
Quand je suis malade, je suis noir.
Quand je mourrai, je serai noir.

Tandis que toi, homme blanc,
Quand tu es né, tu étais rose.
Quand tu as grandi, tu étais blanc.
Quand tu vas au soleil, tu es rouge.
Quand tu as froid, tu es bleu.
Quand tu as peur, tu es vert.
Quand tu es malade, tu es jaune.
Quand tu mourras, tu seras gris.

Alors, de nous deux,
Qui est l’homme de couleur ?


Léopold Sédar Senghor



     À TOI, CHÈRE MÉDITERRANÉE

Ô, toi, mer bleue de la tranquillité
Qui ondules sans agressivité
Sur les bords de nos tempérés rivages
Dont peu d’entre eux sont encore sauvages,
Ô, toi, la Méditerranée femelle,
Je veux te dire de façon formelle
Combien l’hiver tes flots restent élégants
Sous les paquebots des fiers navigants,
Combien l’été, beauté, tu me fascines :
Au soleil, tu vaux toutes les piscines.
S’il vente, tu fais fuir les gondoliers
Mais vie tu donnes à de gracieux voiliers !
Tu te présentes maquillée d’écume
Qui en circonstance est pour toi coutume.
Ah ! si l’Océan est bien masculin
Et dans ses colères, pas bien malin,
Toi, toi ! la Méditerranée femelle,
Concilies petite vague jumelle
Avec sa sœur bien vive qui la suit
Tandis qu’un flâneur, des yeux, la poursuit
Ou qu’un enfant cherche à voir dans ton âme
Les douceurs et qualités d’une femme.
La mer, dit le poète, tu chériras,
Cela ne nous met pas dans l’embarras :
Pourrait-on t’oublier, sous les mouettes
Qui volent et crient et font leurs galipettes ?
Et quand à Nice, sur les ronds galets
Que tu projettes comme gringalets,
Pourrait-on t’oublier ? Et puis à Cannes
Face à la Croisette où tapent des cannes
C’est bien du sable que là tu étales
Avant que par reflux tu ne détales.
Quand tu es mer d’huile, tu nous apaises,
Nous avons envie de prendre nos aises
En nous exposant à l’onde d’amour
Qui nous caresse, ou, selon le jour,
Sur une chaise bleue de la Prom’nade…
Avant que ne surgisse une tornade.
Car, oui, au beau milieu de certains mois,
Tu le sais bien, tu entres en pleins émois,
Tu casses les restaurants de la plage,
Tout ce qui se trouve sur ton passage,
Tu craches au visage des promeneurs
Qui avec toi jouaient trop les crâneurs.
Tu te redresses, tu te virilises,
En le mâle Océan tu te déguises,
En tempête tu profites du vent
Qui se fait pour toi complice fervent ;
Tu poses pour la photo, cabotine !
Puis cesses ta comédie enfantine.
Tu redeviens mignonne sur nos bords,
Telle qu’on t’a toujours connue d’abord.
Reste ainsi, avec ton humeur changeante
Car tu es femme et cela nous enchante.


Christian Watine (février 2023)



     LA FEMME EN ROUGE

La femme en rouge, sibylline,
Que tout alentour illumine,
A-t-elle un cœur, est-elle heureuse ?
Est-elle seule ou amoureuse?

La femme en rouge, tout altière,
Paraît vêtue comme héritière
D'un pouvoir de fascination.
Vers elle, c'est l'admiration.

La femme en rouge , élégante,
Semble parfaite intrigante.
Que fait-elle de ses journées ?
De ses nuits ? Une idylle naît ?

La femme en rouge, mystérieuse,
Est-elle songeuse ou rieuse ?
A-t-elle un homme ou une femme
Que d'amour-passion elle affame ?

La femme en rouge, elle nous touche,
On l' approche et cherche sa bouche.
A-t-elle un cœur, est-elle heureuse ?
Est-elle seule ou amoureuse ?


Christian Watine (2022)
Tableau : Christian Watine (2022)



     LES COULEURS DE LA VIE

Nous vivons ici où là parmi les couleurs.
Elles influencent toutes nos facultés,
Notre comportement et nos activités,
Nos émotions, nos euphories et nos douleurs.

Une palette infinie éveille nos sens.
Le vert nous calme ; l’écarlate nous excite ;
Le bleu séduit, à la sérénité incite,
Alors que blanc, non-couleur, réduit au silence.

Le jaune éblouissant, tel un soleil radieux,
Orangé parfois, symbolise la chaleur,
La luminosité, joie de vivre et du cœur :
Des ingrédients parfaits pour un bonheur précieux.

Les couleurs tissent en nous nombre d’émotions vives,
Elles nous enveloppent de quantités d’images
Éloignées des tristes pavés et des tapages,
Elles sont une palette où l’âme se ravive.

Nous rions jaune, nous voyons rouge, parfois,
Les couleurs parlent, sur soi, dans son intérieur,
Elles nous révèlent, fort colérique ou rieur,
Mélancolique, toujours humain toutefois.

Et quand au crépuscule souffle l’air du soir,
Nos rêves charmants nous font voir la vie en rose,
Tout comme dans un poème, loin de la prose,
Et chaque teinte est parfum tel d’un encensoir.


Christian Watine (2024)



     LES DANSEUSES MATISSIENNES

Sur un fond d'un bleu outremer,
Sur un tapis d'un vert colline,
Elles vont, telles sur une mer
Ondulée, paisible et câline,

Toutes ces danseuses à peau rose,
En musique, nues et légères,
Qu'un rayon de soleil arrose
De ses nuances passagères,

Elles vont, en autant de figures,
Tout en grâce et sérénité,
Comme sous les meilleurs augures,
Révéler leur féminité.

La débauche de mouvements
Dans la ronde endiablée
Amène à l'étourdissement
Dans l'arène assemblée.

Les douces forces animées,
Centrifuges et là centripètes,
Des danseuses ô combien aimées,
On admire : on est poète !


Christian Watine (2022)